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Abandon de domicile et prêt immobilier : solutions en cours

Julien octobre 10, 2025 14 min de lecture

Vous avez quitté le domicile familial mais vous vous demandez ce qui va se passer pour votre prêt immobilier ? Votre ex-conjoint refuse de payer sa part des mensualités et vous craignez les conséquences ? Vous cherchez des solutions concrètes pour sortir de cette impasse financière ?

C’est une situation plus courante qu’on ne le pense : l’abandon de domicile ne libère pas automatiquement de ses engagements bancaires. Que vous soyez mariés, pacsés ou en concubinage, les règles du crédit immobilier restent les mêmes pour la banque.

Dans cet article, vous allez découvrir les vraies conséquences de l’abandon du domicile conjugal sur votre prêt, les solutions amiables qui s’offrent à vous, et les recours judiciaires possibles. Vous saurez exactement quelles démarches engager pour protéger vos intérêts financiers.

Prêt à y voir plus clair dans cette situation complexe ? C’est parti !

Comprendre la solidarité bancaire et le statut de co-emprunteur

Lorsque vous avez signé votre crédit immobilier en couple, vous êtes devenus co-emprunteurs solidaires. Cette solidarité signifie que chacun des deux époux ou partenaires peut être tenu de rembourser l’intégralité du prêt, même si l’autre partie disparaît du domicile conjugal.

La banque ne s’embarrasse pas de vos problèmes de couple : pour elle, le contrat de prêt immobilier prime sur tout le reste. Peu importe qui vit dans le logement, qui l’entretient ou qui en profite réellement. Les mensualités doivent être payées selon les termes convenus, point final.

Cette règle s’applique que vous soyez :

  • Mariés sous n’importe quel régime matrimonial
  • Pacsés avec un bien commun
  • En concubinage ayant acheté ensemble

Dans tous les cas, si vous avez signé le contrat de crédit à deux, vous restez solidaires vis-à-vis de la banque jusqu’à ce qu’une modification officielle du contrat intervienne. Cette solidarité ne s’éteint pas d’elle-même, même après un divorce prononcé ou une rupture de PACS.

Concrètement, si votre ex-conjoint arrête de payer sa part, la banque peut vous réclamer la totalité des sommes dues. Vous devrez alors avancer l’intégralité du remboursement, puis vous retourner contre votre ex-partenaire pour récupérer sa part.

Abandon de domicile : conséquences juridiques selon le statut

Les conséquences de l’abandon du domicile conjugal varient selon votre situation matrimoniale, mais toutes ont un point commun : elles n’effacent pas vos obligations bancaires.

Pour les couples mariés

Dans le cadre du mariage, l’abandon du domicile conjugal peut constituer une violation du devoir de communauté prévu par les articles 212 et 214 du Code civil. Le juge peut retenir cette faute lors de la procédure de divorce, ce qui peut influer sur le partage des biens.

Cependant, même si le départ est considéré comme fautif, cela ne dispense pas l’époux qui part de ses obligations de remboursement du prêt immobilier. Le bien reste en indivision jusqu’au divorce, et les deux conjoints demeurent tenus au paiement des mensualités.

Pour les couples pacsés

Le PACS ne prévoit pas de devoir de cohabitation aussi strict que le mariage. L’abandon du domicile n’est donc pas juridiquement fautif. Néanmoins, la solidarité contractuelle envers la banque demeure intacte.

Si vous êtes pacsés et que vous quittez le logement commun, vous restez propriétaire de votre part (généralement 50% sauf stipulation contraire) et co-débiteur du crédit. Votre départ ne modifie en rien vos droits et obligations sur le bien immobilier.

Pour les concubins

En concubinage, il n’existe aucun devoir légal de cohabitation. L’abandon du domicile n’a donc aucune conséquence juridique particulière sur le plan du droit de la famille. Seule compte la dimension contractuelle du prêt immobilier.

Si vous avez acheté en indivision avec votre concubin et que l’un de vous quitte le logement, les règles de l’indivision s’appliquent selon l’article 815-17 du Code civil. Chacun reste propriétaire de sa quote-part et débiteur de sa part de crédit.

Que change l’abandon sur le prêt immobilier ?

Juridiquement parlant, votre départ du domicile ne change absolument rien aux conditions de votre crédit immobilier. Voici ce qui reste inchangé :

Élément du prêt Situation avant l’abandon Situation après l’abandon
Montant des mensualités Identique Identique
Répartition des parts 50/50 (généralement) 50/50 (sauf accord contraire)
Solidarité bancaire Totale Totale
Assurance emprunteur Active selon quotité Active selon quotité

En revanche, dans la pratique, certains éléments peuvent poser problème. Si celui qui reste dans le logement ne peut plus assumer seul les mensualités du crédit, des impayés risquent de survenir. La banque peut alors mettre en demeure les deux co-emprunteurs, puis engager une procédure de saisie immobilière.

L’assurance emprunteur continue de fonctionner selon les quotités définies dans le contrat initial. Si vous étiez assurés à 50% chacun, cette répartition demeure valable même après votre départ. Cela peut créer des déséquilibres si l’un des deux ne peut plus payer sa part d’assurance.

Du point de vue fiscal, des complications peuvent également survenir. Si vous ne bénéficiez plus du logement mais continuez de payer le crédit, vous perdez le droit aux déductions d’intérêts d’emprunt sur votre résidence principale. Seul celui qui occupe effectivement le bien peut en bénéficier.

Solutions amiables : la voie privilégiée

Face à une situation d’abandon de domicile, la solution amiable reste toujours préférable. Elle évite les frais de procédure et permet de trouver rapidement un accord satisfaisant pour les deux parties.

Informer la banque et négocier une désolidarisation

Votre première démarche consiste à informer votre banque de votre situation. Certaines banques acceptent de désolidariser l’un des co-emprunteurs, à condition que celui qui reste puisse justifier de revenus suffisants pour assumer seul le crédit.

La désolidarisation n’est jamais automatique. La banque étudiera :

  • Les revenus de celui qui reste
  • Son taux d’endettement après désolidarisation
  • La valeur actuelle du bien en garantie
  • L’historique de remboursement du couple

Cette solution présente l’avantage de libérer définitivement celui qui part de ses obligations de remboursement. En contrepartie, celui qui reste devient seul propriétaire du bien.

Le rachat de soulte : une solution équitable

Le rachat de soulte permet à l’un des ex-conjoints de devenir seul propriétaire en rachetant la part de l’autre. Cette opération nécessite une évaluation précise du bien immobilier et un nouveau financement.

Exemple concret : votre bien vaut aujourd’hui 300 000 € et vous le possédiez à 50/50. La soulte s’élève donc à 150 000 €. Celui qui souhaite garder le bien doit donc trouver 150 000 € pour racheter la part de son ex-conjoint, en plus de reprendre seul le crédit restant.

Cette solution fonctionne bien quand :

  • L’un des deux a les moyens financiers suffisants
  • Le bien a pris de la valeur depuis l’achat
  • Les deux parties souhaitent une rupture nette

La convention d’indivision temporaire

Si aucune des solutions précédentes n’est possible immédiatement, vous pouvez formaliser une convention d’indivision temporaire. Ce document, rédigé devant notaire, précise qui paie quoi et qui a le droit d’occuper le bien.

Cette convention peut prévoir :

  • Qui paie les mensualités du crédit et dans quelle proportion
  • Qui assume les charges, travaux et entretien
  • Une éventuelle indemnité d’occupation pour celui qui reste
  • Les conditions d’une vente future

C’est une solution d’attente qui permet de clarifier la situation en attendant une résolution définitive.

Solutions judiciaires : le recours au juge

Quand l’accord amiable s’avère impossible, il faut saisir la justice. Plusieurs procédures peuvent être engagées selon votre situation matrimoniale.

Le partage judiciaire forcé

Tout co-indivisaire peut demander le partage des biens indivis, y compris de force si les autres s’y opposent. Cette action, basée sur l’article 815 du Code civil, permet d’obtenir soit la vente du bien, soit l’attribution à l’un avec soulte.

La procédure de partage se déroule devant le tribunal de grande instance. Elle comprend :

  • Une expertise judiciaire pour évaluer le bien
  • Une tentative de conciliation
  • Si échec, une vente aux enchères publiques

Cette procédure dure généralement entre 18 mois et 3 ans. Elle génère des coûts importants : frais d’avocat, d’expertise, de vente aux enchères, etc.

Les mesures d’urgence du juge aux affaires familiales

En cas de divorce ou de séparation de corps, le juge aux affaires familiales (JAF) peut prendre des mesures provisoires sur le logement et le crédit. Il peut notamment :

  • Attribuer la jouissance exclusive du logement à l’un des époux
  • Répartir les charges de remboursement du crédit
  • Fixer une contribution aux charges du mariage
  • Ordonner des mesures conservatoires sur le bien

Ces décisions ne valent que pendant la procédure de divorce. Elles n’affectent pas les droits de la banque, qui peut toujours poursuivre les deux époux en cas d’impayé.

La vente aux enchères : solution de dernier recours

Quand aucun accord n’est possible et qu’aucun des deux ex-conjoints ne peut racheter la part de l’autre, la vente aux enchères devient incontournable. C’est souvent la solution la moins avantageuse financièrement, car les prix obtenus sont généralement inférieurs au marché.

Les étapes de cette procédure incluent une expertise, une mise à prix, et la vente publique. Le produit de la vente sert d’abord à rembourser le crédit restant dû, puis à indemniser les ex-conjoints selon leurs parts respectives.

Modalités pratiques du rachat et de la désolidarisation

Pour mener à bien un rachat de soulte ou une désolidarisation, certaines étapes pratiques sont incontournables. La préparation en amont facilite grandement les négociations.

L’estimation du bien : étape cruciale

Avant toute négociation, vous devez connaître la valeur actuelle de votre bien. Cette estimation peut être réalisée par :

  • Un agent immobilier (gratuit mais non opposable)
  • Un expert immobilier assermenté (payant mais valeur légale)
  • Un notaire (dans le cadre d’une vente)

L’estimation doit tenir compte de l’état du bien, du marché local et des travaux éventuels à prévoir. Un bien estimé 280 000 € à l’achat et valant 350 000 € aujourd’hui génère une plus-value à partager.

Le calcul de la soulte et des apports

La soulte correspond à la moitié de la valeur nette du bien (valeur estimée – crédit restant dû). Si votre bien vaut 350 000 € et que vous devez encore 200 000 €, la valeur nette est de 150 000 €. La soulte s’élève donc à 75 000 €.

Cette soulte peut être modulée selon :

  • Les apports initiaux de chacun
  • Les travaux financés par l’un des deux
  • Les remboursements anticipés effectués
  • Les frais d’agence et de notaire à venir

Les conditions bancaires pour un refinancement

Si vous souhaitez racheter la part de votre ex-conjoint, votre banque étudiera votre dossier comme pour un nouveau crédit. Elle vérifiera :

Critère analysé Seuil généralement accepté
Taux d’endettement 35% maximum (charges incluses)
Reste à vivre Minimum 1 200 € pour une personne
Stabilité professionnelle CDI ou revenus réguliers sur 3 ans
Apport pour soulte Variable selon établissement

Certaines banques acceptent de financer la soulte en plus du capital restant dû. D’autres exigent un apport personnel pour cette opération. Dans le cas où vos revenus ne permettent pas de racheter la part de votre ex-conjoint, le recours à la vente de sa maison sans agence peut devenir nécessaire pour minimiser les frais.

Modèles de courriers et démarches pratiques

Pour protéger vos intérêts, plusieurs démarches écrites s’imposent dès l’abandon du domicile conjugal. Voici les documents essentiels à prévoir.

Lettre d’information à la banque

Dès votre départ du domicile, informez votre banque par écrit de votre nouvelle situation. Cette lettre doit préciser :

  • Votre nouvelle adresse
  • La date de votre départ
  • Votre volonté de continuer à honorer vos engagements
  • Votre demande d’étude d’une éventuelle désolidarisation

Cette information officielle vous protège en cas de litige ultérieur. Elle prouve votre bonne foi et votre volonté de trouver une solution constructive.

Mise en demeure du co-emprunteur défaillant

Si votre ex-conjoint cesse de payer sa part des mensualités, adressez-lui une mise en demeure par lettre recommandée. Ce document doit :

  • Rappeler ses obligations contractuelles
  • Chiffrer les sommes dues
  • Fixer un délai de régularisation (généralement 8 jours)
  • Mentionner les conséquences en cas de non-paiement

Cette mise en demeure constitue une preuve en cas d’action en justice ultérieure pour récupérer les sommes avancées.

Protocole d’accord amiable

Si vous parvenez à un accord avec votre ex-conjoint, formalisez-le par écrit. Ce protocole peut prévoir :

  • La répartition des charges jusqu’à la vente ou rachat
  • Les conditions d’occupation du bien
  • Les modalités de vente ou de rachat de soulte
  • Un calendrier de mise en œuvre

Ce document, signé par les deux parties, peut être homologué par un juge pour lui donner force exécutoire.

Checklist des démarches à effectuer

Pour ne rien oublier dans vos démarches, voici une checklist pratique :

  • □ Informer la banque de votre changement d’adresse
  • □ Faire estimer le bien par un professionnel
  • □ Consulter un notaire pour connaître vos droits
  • □ Rassembler les justificatifs de revenus récents
  • □ Calculer la soulte approximative
  • □ Négocier avec votre ex-conjoint
  • □ Formaliser tout accord par écrit
  • □ Consulter un avocat en cas de blocage

Questions fréquentes

Que se passe-t-il si je paye seul le crédit immobilier après une séparation ?

Si vous payez seul le crédit immobilier après votre séparation, vous conservez le droit de récupérer la part de votre ex-conjoint. Conservez tous les justificatifs de paiement : relevés bancaires, reçus, etc. Ces documents vous permettront de prouver vos versements en cas d’action en justice. Votre ex-conjoint reste propriétaire de sa part du bien, mais vous pouvez lui réclamer sa contribution aux charges et au remboursement du prêt. Une action en contribution aux charges peut être engagée devant le tribunal.

Quels sont les risques en cas d’abandon du domicile conjugal ?

Les principaux risques concernent votre situation financière et juridique. Vous restez solidaire du crédit immobilier même en quittant le logement. Si votre ex-conjoint cesse de payer, la banque peut vous réclamer l’intégralité des mensualités. Dans un divorce, l’abandon peut être retenu comme une faute, influençant le partage des biens. Vous perdez aussi certains avantages fiscaux liés à la résidence principale. Il est donc crucial d’agir rapidement pour formaliser votre situation.

Peut-on suspendre un crédit immobilier en cas de séparation ?

Non, une séparation ne permet pas de suspendre automatiquement un crédit immobilier. Seules certaines situations exceptionnelles prévues au contrat peuvent justifier un report : chômage, maladie grave, invalidité, etc. Certaines banques acceptent de négocier un report amiable des mensualités, mais c’est rare et temporaire. L’assurance emprunteur peut prendre le relais en cas d’incapacité de travail ou de décès, selon les garanties souscrites. La meilleure solution reste de trouver un accord avec votre ex-conjoint ou de procéder à la vente du bien.

Quelles sont les conditions pour une désolidarisation bancaire ?

La désolidarisation bancaire n’est jamais un droit, mais une faveur que peut accorder votre établissement bancaire. Les conditions généralement exigées sont : des revenus suffisants pour celui qui reste (taux d’endettement inférieur à 35%), un historique de paiement irréprochable, une valeur du bien suffisante en garantie, et parfois un apport complémentaire. La banque peut aussi exiger une nouvelle assurance emprunteur à 100% ou des garanties supplémentaires. Chaque dossier est étudié au cas par cas, et la décision reste à la discrétion de la banque.

Comment calculer une soulte en cas de rachat de part ?

Le calcul de la soulte suit une formule simple : (valeur actuelle du bien – capital restant dû) ÷ 2. Exemple : bien évalué à 400 000 €, crédit restant de 250 000 €, soulte = (400 000 – 250 000) ÷ 2 = 75 000 €. Cette base peut être ajustée selon les apports initiaux de chacun, les travaux financés individuellement, ou les frais à déduire. Il faut aussi tenir compte des frais de notaire pour le rachat (environ 2 à 3% de la soulte) et des éventuels frais d’expertise. Un notaire peut effectuer ce calcul précisément en tenant compte de tous les éléments du dossier, notamment lors de la mise en place d’une clause suspensive dans un compromis de vente entre ex-conjoints.

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Auteur

Julien

Passionné de décoration d'intérieur et d'aménagement, je vous partage mes conseils et astuces pour créer des espaces harmonieux et fonctionnels. Découvrez mes inspirations et tendances pour transformer votre habitat avec style.

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